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MON AMI EMILE ZOLA. J'ACCUSE ! LETTRE OUVERTE D'EMILE ZOLA: Émile Zola J'accuse! Lettre à Monsieur Félix-Faure, président de la République.

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Mon devoir est de parler. Je ne veux pas être complice, mais lui serait hantée par le spectre de l'innocent qui expie là bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis. Et c'est à vous, monsieur le président, que je la crierait, cette vérité de toute la force de ma révolte d'honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l'ignorez. Et à qui donc dénoncerait la tourbe malfaisante? Des vrais coupables, si ce n'est à vous le premier magistrat du pays? La vérité d'abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus.

Un homme néfaste a tout mener a tout fait. C'est le lieutenant colonel de Pati de Clam, simple commandant. Il est l'affaire Dreyfus tout entière. On ne la connaîtra que lorsqu'une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l'esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d'intrigues romanesques, se complaisant au moyen des roman feuilleton Les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent de nuit des preuves accablantes. C'est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreifuss.

C'est lui qui rêva de l'étudier dans une pièce entièrement revêtue de glace. C'est lui que le commandant Force Minetti nous représente. Armé d'une lanterne sourde, voulant se faire introduire auprès de l'accusé endormi pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime dans les mois du réveil.

ET JE N'AI PAS À TOUT DIRE QU'ON CHERCHE, ON TROUVERA.